Felipe Massa revient sur l’affaire Crashgate et accuse Alonso

Ferrari réagit à ses propos tensions et avertissements officiels

L’ancien pilote brésilien Felipe Massa, aujourd’hui âgé de 44 ans, a rouvert une page controversée de l’histoire de la Formule 1. Dans une récente déclaration, il est revenu sur l’un des plus grands scandales du sport automobile moderne : le Crashgate du Grand Prix de Singapour 2008. À l’époque, Massa courait pour Ferrari, tandis que Fernando Alonso pilotait pour Renault. L’affaire avait éclaté lorsque Nelson Piquet Jr., coéquipier d’Alonso, avait volontairement provoqué un accident pour permettre à ce dernier de remporter la course. Cet épisode, orchestré par certains membres de l’écurie Renault, avait profondément ébranlé la crédibilité du championnat.

Felipe Massa n’a jamais caché son amertume. Selon lui, ce Grand Prix avait non seulement faussé les résultats du championnat 2008 — qu’il a perdu pour un point face à Lewis Hamilton —, mais il avait aussi laissé une cicatrice durable dans sa carrière. Le Brésilien affirme aujourd’hui que Fernando Alonso, vainqueur de la course ce jour-là, ne pouvait pas ignorer ce qui se tramait. « C’est la décision de l’écurie et de Nelson, mais Alonso faisait partie du problème. Il était au courant. Nous ne pouvons pas le savoir avec certitude, mais il était forcément au courant. Absolument », avait-il déclaré dès 2009, alors que l’affaire venait tout juste d’être révélée. Ces mots, prononcés il y a plus de quinze ans, continuent d’alimenter le débat sur la responsabilité d’Alonso dans le scandale.

Ferrari réagit à ses propos : tensions et avertissements officiels

Dans cette même interview, Felipe Massa a révélé pour la première fois comment Ferrari avait réagi à ses accusations publiques visant Alonso. À l’époque, l’Espagnol venait de signer un contrat avec la Scuderia pour la saison 2010, et le constructeur italien ne souhaitait pas ternir cette collaboration avant même qu’elle ne commence. Massa se souvient avoir reçu une lettre de réprimande officielle de la part de GSA, la société chargée de la gestion des contrats de Ferrari, pour avoir publiquement impliqué Alonso dans le scandale.

« En octobre 2009, j’ai également déclaré aux journalistes que, selon moi, Fernando Alonso savait que c’était intentionnel. Lorsque Ferrari a eu connaissance de ces faits, GSA m’a adressé un courrier le 16 octobre 2009 pour me réprimander pour mes propos publics concernant Fernando Alonso », raconte-t-il. Cette réaction a surpris le Brésilien, d’autant plus qu’à cette période, il venait de subir un grave accident lors du Grand Prix de Hongrie, qui avait mis un terme prématuré à sa saison. En convalescence, il avait appris que Fernando Alonso rejoindrait Ferrari pour la saison suivante.

Massa réclame toujours justice pour 2008

« Avant mon accident de juillet 2009, j’avais déjà appris qu’Alonso piloterait pour Ferrari lors de la saison 2010. Quand j’ai compris que mes commentaires pouvaient créer des tensions, j’ai préféré me taire. Mais je savais que tout cela ne me paraissait pas juste », a ajouté Massa. Pour lui, Ferrari avait choisi de protéger Alonso afin de préserver ses intérêts sportifs et commerciaux. La Scuderia, soucieuse de redorer son image après plusieurs saisons mitigées, voyait en Alonso un potentiel champion capable de ramener le titre à Maranello.L’affaire du Crashgate reste à ce jour l’un des épisodes les plus sombres de la Formule 1.

Lors du Grand Prix de Singapour 2008, Nelson Piquet Jr. s’était délibérément crashé contre un mur au 14ᵉ tour, provoquant l’entrée de la voiture de sécurité. Ce timing parfait avait permis à Alonso, qui venait de ravitailler, de prendre la tête et de remporter la course. Des mois plus tard, après avoir été licencié par Renault, Piquet Jr. avait révélé la supercherie, accusant ses supérieurs Flavio Briatore (directeur de l’écurie) et Pat Symonds (ingénieur en chef) de lui avoir ordonné de provoquer l’accident.

Massa réclame toujours justice pour 2008

Ces dernières années, Felipe Massa a relancé une procédure judiciaire contre la FIA et la FOM (Formula One Management), affirmant que le championnat du monde 2008 avait été faussé par les événements de Singapour. Selon lui, les autorités sportives auraient délibérément choisi d’ignorer les preuves pour éviter un scandale plus large. Le Brésilien demande que les résultats du Grand Prix de Singapour soient annulés ou que le championnat soit officiellement réexaminé. Il estime que sans cet incident, il aurait remporté le titre mondial face à Hamilton.

« Ce n’est pas une question d’argent ou de vengeance. C’est une question de justice. J’ai perdu un titre à cause d’un acte délibéré et d’un silence complice », a-t-il déclaré récemment. Sa bataille judiciaire est suivie de près par de nombreux observateurs du sport automobile. Plusieurs anciens pilotes, dont Rubens Barrichello et Jacques Villeneuve, lui ont apporté leur soutien moral, estimant que son combat est légitime. Quant à Fernando Alonso, il a toujours nié avoir eu la moindre connaissance du plan mis en place par Renault, affirmant qu’il s’agissait d’une victoire obtenue « à la régulière ».

Fernando Alonso